La magie du bordel

« Les vertus du désordre ne résident pas tant dans le désordre lui-même, que dans ce qu’il révèle : une capacité à se laisser distraire, à se laisser surprendre, à s’adapter à de nouveaux contextes. Des traits de caractère qui sont autant de sources d’une créativité fructueuse, » Tim Harford

Le bordel est souvent synonyme de désorganisation, de manque de rigueur, de manque de concentration, de j’men foutisme. « Vivre dans une maison ordonnée influe de manière positive sur tous les autres aspects de votre vie », explique ainsi la Japonaise Marie Kondo, auteure du livre « La magie du rangement ». Car il y a cette norme qui nous pousse à ranger. Et si le bordel pouvait encourager la créativité, faire s’exprimer ce qu’il y a de meilleur en nous – sans filtre, sans pression extérieure, sans jugement. Et si la magie n’était pas dans l’ordre, mais dans le désordre ?

« Nous succombons souvent à la tentation d’une approche organisée alors que nous serions mieux inspirés d’ouvrir grand les bras à un certain degré de désordre. De cette tentation de l’ordre, des exemples: l’orateur qui s’accroche à un script, le militaire haut gradé qui élabore avec prudence des stratégies, l’écrivain qui s’isole des distractions, le politicien qui impose aux services publics des objectifs quantifiables, le patron qui insiste pour que tout le monde ait un bureau rangé », explique Tim Harford, auteur de « Bordélique », avant de rajouter: « Parfois notre désir d’ordre s’avère utile (…) Mais nous sommes à ce point séduits par les atours de l’ordre que nous n’apprécions plus les vertus de ce qui est bordélique: le désordonné, le non quantifié, le non coordonné, l’improvisé, l’imparfait, l’incohérent, le brut, l’encombré, l’aléatoire, l’ambigu, le vague, de difficile, le divers et même le sale. Le désordre peut encourager la créativité, renforcer la ténacité et, en règle générale, faire s’exprimer ce qu’il y a de meilleur en nous. » Tim Harford, auteur de « Bordélique, le pouvoir du désordre pour transformer vote vie », deboeck, 2017, 320 pages.